Passer outre les représentations sociales
Parfois, le plus difficile, c’est de trouver des personnes prêtes à t’écouter et accepter ta parole. Comment arriver à trouver un cercle où chacun·e accueillerait notre expériences sans jugement préalable ?
“”Je suis ramené à mon histoire d'adopté.e et mes origines biologiques/ ethniques, uniquement quand ça arrange les gens. Je pense que je me construis une "histoire à moi" comme dirait Amandine Gay, et parfois je mets en avant mes origines, puisqu'elles parlent de moi, et parfois mon éducation à la française, puisque c'est aussi mon histoire.
J’ai remarqué qu'on me refusait de témoigner de racisme, parce que je serais quasiment un.e blanc.he au vu de mon adoption, et on me refuse tout autant une appartenance à la France française puisque je suis certes Français.e mais.. Et j'ai toujours cette impression d'être corrigé.e, recadré.e, voire infantilisé.e.
Mais au bout d'un moment merde, j'ai 30 ans, ça fait 30 ans que je suis dans ma peau et dans ma vie, et on vient encore valider ou invalider ce que je ressens et ce dont je témoigne. C'est comme si tu allais chez le médecin avec un mal de ventre et qu'on te disait "non, au ventre tu n'as pas mal. Par contre tu as mal au bras." je trouve ça extraordinaire le manque d'écoute qu'on a les un.es envers les autres et notre besoin de classer et de simplifier
D'autant plus que ce n’est pas compliqué par défaut. Ça l’est parce que pour parler de moi, il faut que je traverse les couches de représentations mentales des autres
Quand je raconte mon récit factuel (qui est plutôt une chouette histoire) y'a tout le vernis palmier cocotier qui fait un peu délirer les gens en bien
Mais quand je parle de l'aspect plus complexe de mon histoire d'adopté.e, de la différence, des fantasmes… Enfin, quand je partage mon expérience, en essayant de moi même, ne pas me juger comme illégitime (sinon j'ai remarqué que c'était perdu d'avance), on va me dire "oui mais toi ça va, t'as eu une bonne famille, t'as grandi comme nous donc t'es comme nous"
C’est ultra binaire, soit t'es « Comme nous » ou t'es pas comme nous. ET SI tu dis "oui mais" tu t'exclus du "Nous" et c'est l'autre qui se sent mal, alors que c'est iels qui montent les murs de séparation.”
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